Datacom et OCE Telecontrole ont conjointement renouvelé une technologie en fin de vie

Datacom n’est peut-être pas le service le plus connu d’Elia. Que faites-vous exactement ?

Datacom et OCE Telecontrole ont uni leurs forces pour remplacer une technologie de télécommunications arrivée en fin de vie par une nouvelle plateforme. En même temps, ils ont migré toutes les applications vers ce nouveau système. Grâce à une bonne communication et une collaboration efficace, ils ont pu respecter les délais sans rencontrer d’obstacles imprévus. Entretien avec Pieter Panis (Manager TDM & Optic Networks) et Gwennaël Delhière (Expert Réglages & Télécontrôle) .

Datacom n’est peut-être pas le service le plus connu d’Elia. Que faites-vous exactement ?

Pieter : « Nous sommes responsables des services de télécommunication au sein d’Elia. On pourrait nous comparer à un petit Proximus avec un seul client important, Elia. Une partie de nos communications sert à la gestion administrative d’Elia, comme l’internet, le wifi, la téléphonie… Mais nous assurons aussi la communication entre les différentes parties du réseau de transport : entre les postes haute tension, entre nos centres de données ou encore entre le réseau et les dispatchings, par exemple. Pour cela, nous utilisons notre propre réseau de fibre optique, combiné à notre propre équipement de télécommunication, afin de fournir des services de télécommunication spécifiques à nos clients internes. Tout cela se fait entièrement sous la gestion de Datacom, en toute transparence pour les autres départements. Dans ce sens, Datacom est longtemps resté quelque peu séparé des autres départements. »

Afin d’améliorer les performances et d’intégrer de nouvelles technologies, Datacom a collaboré de plus en plus étroitement avec d’autres départements ces dernières années. Non seulement en matière de concepts de réseau, mais aussi lors de la mise en œuvre sur le terrain ; concrètement avec OCE SecSys – Télécontrôle. De cette manière, nous pouvons continuer à garantir le bon fonctionnement avec les nouvelles technologies. Dans le même temps, une approche de bout en bout est possible, qui va bien au-delà de la simple fourniture de services de télécommunication.

 

Quel est le lien entre Datacom et OCE Télécontrôle ?

Gwennaël : « OCE Télécontrôle prend en charge des activités opérationnelles dans différents domaines. Par exemple, la télécommande (que l’on peut considérer comme les yeux et les mains des dispatchers), les mesures (pour la facturation de l’énergie transportée et livrée) et la partie communication des différents systèmes applicatifs (tels que les protections, les automatismes et le contrôle). Tous ces systèmes communiquent via la technologie de Datacom. »

 

Pourquoi avez-vous dû collaborer de manière aussi intensive ces dernières années ?

Gwennaël : « Le réseau haute tension comprend des équipements primaires (lignes, câbles, transformateurs, etc.) qui transportent l’énergie, et des équipements secondaires (les systèmes applicatifs) qui permettent d’assurer une exploitation sûre et optimale des équipements primaires. Le projet de migration concernait des éléments de ces équipements secondaires, notamment les protections qui communiquent entre elles via la technologie Time Division Multiplexing (TDM). OCE Télécontrôle est responsable de cette communication. »

Pieter : « Les appareils basés sur cette technologie étaient déjà en service depuis la fin des années 90. En 2024, ils sont finalement arrivés en fin de vie. Ils n’étaient plus supportés, maintenus ni mis à jour. Nous avons donc dû faire communiquer toutes les protections via une nouvelle plateforme, toujours basée sur la technologie TDM. Passer à la toute dernière technologie basée sur IP (Internet Protocol) n’était pas possible, car nos protections communiquent encore exclusivement via TDM. Comme il s’agissait de plus de 2000 circuits, chacun avec au moins deux protections, il a fallu réaliser plus de 4000 interventions. Tous les services de télécommunication ont dû être physiquement déplacés et reconfigurés. Un gros travail, qui a aussi nécessité une approche de bout en bout. Heureusement, notre chef de projet Abdellah Ainouss a parfaitement orchestré tout cela, en étroite collaboration avec les équipes opérationnelles. »

Mettre à jour un circuit qui doit rester actif, cela n’a sûrement pas été facile…

Pieter : « C’est exact. C’est comme devoir remplacer une roue sur une voiture en marche. Nous avons donc travaillé en deux phases. Dans une première phase, à partir de 2019, nous avons déployé une nouvelle architecture réseau en parallèle avec le réseau opérationnel, sans encore impliquer OCE Télécontrôle. Début 2021, le réseau était suffisamment opérationnel pour permettre les premières migrations. À partir de ce moment-là, nous avons commencé à collaborer et à nous concerter intensivement. Comment procéder pour le basculement : par poste haute tension ou par ligne ? Quel type de connexion privilégier ? Il a fallu parfaitement coordonner nos différentes visions. »

Gwennaël : « Pour pouvoir collaborer efficacement, nous avons constitué une équipe multifonctionnelle réunissant des membres des différents départements. Bien sûr, il y avait Datacom et OCE Télécontrôle, mais aussi Asset Management, Infrastructure et Plan Management. Une préparation approfondie avec toutes les parties prenantes était cruciale pour travailler efficacement et éviter les coupures. De plus, nous avons tout bien documenté. Tous les plans et schémas de câblage ont été adaptés. »

Quelle a été la plus grande difficulté de ce projet ?

Gwennaël : « Le projet de déploiement TDM était à l’origine une opération de remplacement un pour un de l’architecture TDM de Datacom. Ce n’était donc pas un projet d’Infrastructure, et il n’y avait pas de chef de projet. Mais le défi était de taille : migrer plus de 4000 protections vers la nouvelle architecture. C’est pourquoi nous avons mis en place un cadre de projet entre les parties impliquées. »

Pieter : « Un département comme Infrastructure a de l’autorité lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des projets. Pour nous, il s’agissait surtout de convaincre tout le monde de l’importance du projet. Nous avons donc misé pleinement sur une bonne communication. »

Abdellah : « Enfin, nous avons collaboré à tous les niveaux. En tant que chef de projet, j’ai établi les plannings en concertation avec les contremaîtres, les collègues sur le terrain ont uni leurs efforts, l’équipe multifonctionnelle se réunissait chaque mois pour suivre l’avancement des travaux… Ce qui nous a permis de résoudre tous les problèmes ensemble. »

 

De quoi êtes-vous le plus fier dans ce projet et pourquoi ?

Pieter : « Malgré tous les défis, nous avons respecté les délais, sans interruptions imprévues. »

Abdellah : « Grâce à la bonne collaboration et à la préparation minutieuse, tout s’est déroulé sans accroc. Chaque collègue savait exactement ce qu’iel devait faire. »

Gwennaël : « Toutes les personnes qui ont participé au projet méritent vraiment un grand bravo. Les équipes de Datacom, OCE Télécontrôle et Plan Management ont accompli un travail énorme en mettant à jour toute la documentation du réseau. Grâce à la collaboration, notamment avec Asset Management et Engineering, nous avons proposé une norme pour effectuer un ‘nettoyage technique’ lors des migrations. Enfin, les collègues sur le terrain, en collaboration avec les sous-traitants, ont réalisé un véritable tour de force ! »

 

De quoi êtes-vous le plus fier dans ce projet et pourquoi ?

Pieter : « Il y a encore beaucoup de câbles en cuivre sous terre. Ils devront être remplacés à terme par de la fibre optique. Ce sera un projet encore plus complexe. »

Abdellah : « À l’avenir, la collaboration ne fera que s’intensifier, que ce soit au niveau de l’architecture ou de la gestion opérationnelle — y compris la gestion du réseau. Dans le cadre de SPACS 4, par exemple, de nombreuses technologies devront encore être remplacées. Heureusement, grâce à l’expérience acquise pendant ce projet de migration, une bonne base a été posée en termes d’interactions et de documentation. »

Gwennaël : « Après un démarrage difficile, cette collaboration s’est finalement déroulée sans accroc. Nous sommes donc pleinement confiants quant à la réussite des futurs projets. La communication est la clé d’un projet réussi. »